Des doutes sur la sûreté nucléaire
La communauté internationale et la population locale s'inquiètent de la situation à Kashiwazaki, dans le nord de Japon. La centrale nucléaire de la ville a fermé ses portes mercredi, la fuite d'eau radioactive constatée après le violent séisme de lundi s'étant avérée plus importante qu'on ne le pensait initialement.
De plus, environ 400 fûts contenant des déchets faiblement radioactifs se sont renversés, et une quarantaine d'entre eux se sont ouverts, mais aucune radiation n'a été détectée à l'extérieur du site, a affirmé mercredi Tokyo Electric Power (TEPCO), l'entreprise chargée des installations. Elle n'avait fait état que d'une centaine de barils la veille, mais le chiffre a été révisé à la suite de nouvelles inspections, a expliqué le porte-parole Tsutomu Uehara.
Le maire de la ville a ordonné la fermeture de la centrale pour des raisons de sécurité, étant donné les dysfonctionnements signalés après le tremblement de terre. Elle rouvrira une fois si la sécurité y est assurée.
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a demandé au Japon de mener une enquête transparente et approfondie sur les accidents qui se sont produits sur le site pour voir si l'on peut en tirer des leçons pour les autres centrales, notamment à l'étranger.
Le président de TEPCO Tsunehisa Katsumata s'est rendu sur place mercredi et a relevé le "désordre" régnant dans la centrale, alors que sa société avait détaillé mardi soir une liste de plusieurs dizaines de dysfonctionnements constatés après le séisme d'une magnitude de 6,8.
Lors d'une visite organisée ensuite pour le patron du Parti communiste japonais, Kazuo Shii, et quelques journalistes, il était possible de voir des fissures dans les routes menant à la centrale, ainsi que des barrières renversées. "C'est impardonnable", a lancé Kazuo Shii à Masakazu Minamidate, directeur-adjoint de TEPCO, qui gère la centrale de Kariwa. "Vous dites qu'il n'y a pas de fuite, avant de savoir vraiment (...) Le retard au niveau de l'information était particulièrement inexcusable!"
Tsunehisa Katsumata a présenté ses excuses pour les dysfonctionnements constatés, tout en soulignant que les mesures de sécurité avaient été respectées. "Nous mènerons une enquête complète. Mais je pense que nous avons fondamentalement confirmé que nos mesures de sécurité ont fonctionné", a-t-il déclaré. "Il est difficile que tout se passe parfaitement."
Par ailleurs, TEPCO a annoncé que la fuite d'eau radioactive constatée après le séisme était 50% plus importante que les premières estimations, mais toujours sous les niveaux de dangerosité autorisés. Cette eau s'est déversée en mer du Japon. "Nous avons fait une erreur en calculant le montant qui s'est déversé dans l'océan. Nous nous excusons et faisons une correction", souligne TEPCO dans un communiqué.
Akira Fukushima, directeur-adjoint de l'organisme gouvernemental de surveillance du nucléaire, a confirmé que ses inspecteurs n'avaient pas détecté d'anomalies supérieures au niveaux de dangerosité autorisés sur le site.
Peu convaincu, Hiroshi Aida, le maire de Kashiwazaki, la ville de 93.500 habitants qui abrite la centrale et qui se trouve à seulement 19 kilomètres de l'épicentre du séisme, a quand même ordonné la fermeture du site. "Je suis inquiet", a-t-il confié. "Il serait difficile de relancer les opérations actuellement (...) La sécurité de la centrale doit être assurée avant sa réouverture".
La centrale Kariwa, installée à Kashiwazaki, est la plus importante au monde en termes de production électrique. Les 55 centrales nucléaires du Japon fournissent environ 30% des besoins en électricité du pays.
AP 18 juillet 2007
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